Comment va la Team HUA Freedom après cette saison en Class40 où tu as notamment participé à deux courses, la Drheam Cup et la CIC NCR ?
Cette saison 2024 a plutôt été très bonne. Elle a commencé un peu tard puisque nous avons reçu le bateau en mai ce qui nous a permis de participer en effet à la Drheam Cup et la CIC Normandy Channel Race. Ces deux courses nous ont permis d’évoluer sur le Class40 n°139 qui nous a conforté dans ce choix de bateau. C’est un bateau d’ancienne génération mais qui est toujours performant. Ces deux courses très exigeantes nous ont repoussé dans nos retranchements et nous avons subis des casses diverses et variées. Tout ce qui devait casser à casser et cela nous a permis d’évaluer les différents axes de travails de la préparation du bateau pour la Globe40.
Quels enseignements tires-tu de ces navigations en course sur ton Class40 n°139 ? Es-tu définitivement satisfait de ton choix de bateau ?
Nous sommes très satisfaits du choix de bateau puisque c’est un bateau qui est agréable à vivre. Il est grand et spacieux à l’intérieur. Au niveau de l’ergonomie des winchs à l’intérieur, on est plus haut que la moyenne. Ces courses 2024 nous ont permis d’étudier les améliorations futures du bateau pour pouvoir être plus performant. On va par exemple modifier la casquette pour mettre le marin plus à l’abri pour la Globe40 et ajouter un siège de veille. On va se relayer à 5 sur le tour du monde et toutes ces navigations nous ont permis de mieux se connaitre, de naviguer et ensemble et surtout de voir que nous avons tous la même philosophie de projet à savoir vivre la Globe40 comme une aventure et mettre en avant la Réunion.
Mesures-tu vraiment le chemin parcouru depuis ta 1ère course en Class40, la NCR 2020 avec Sébastien Marsset aujourd’hui sur le Vendée Globe ? As-tu d’ailleurs des contacts avec lui ?
En effet j’ai parcouru pas mal de chemin depuis mes débuts en Class40. Je me rends compte surtout maintenant du niveau de professionnalisme qu’ont les marins aujourd’hui. Il y a un sacré gap entre les amateurs éclairés et les professionnels. Ça pousse la team HUA à travailler dur pour être au niveau. Que ce soit la navigation, la météo, la préparation technique, on prend conscience de l’ampleur de la Globe40 et de la préparation que cela implique. On s’entraine beaucoup.
Je suis évidemment très fier de voir Sébastien Marsset sur le Vendée Globe puisque c’était son rêve. Il m’en parlait déjà lors de la NCR 2020 alors de voir qu’il y arrive, qu’il navigue actuellement dans l’Atlantique Sud c’est vraiment super pour lui et sa famille. J’ai rapidement échangé avec lui avant le départ pour le féliciter et l’encourager.
Comment arrives-tu à gérer ta vie professionnelle basé à La Réunion et ton projet Globe40 en métropole ?
Cela demande beaucoup de travail et d’organisation et surtout d’être bien entouré. J’ai des conducteurs de travaux et une assistante de direction qui gèrent ma société lorsque je suis absent.
Par rapport à mon projet TJV 2021 on est beaucoup plus dans l’équipe et cela permet de pouvoir déléguer certaines tâches. J’ai par exemple un préparateur qui s’occupe du bateau actuellement qui fait un travail remarquable. J’ai aussi Victor Jost et Charles Motte à la communication. On est vraiment une équipe complète et être entouré de personnes passionnées ayant le même état d’esprit est précieux au quotidien.
C’est bien la première fois que La Réunion accueillera un grand événement de course au large et encore plus avec un bateau sous ses couleurs, commences-tu à sentir l’enthousiasme des réunionnais autour du projet ?
La radio Freedom commence vraiment à en parler. Tous les clubs nautiques sont aussi assez fans et fiers de ce que la team HUA fait pour le moment et c’est un vrai soutien. Il y a aussi un réel engouement des élus et des autorités à La Réunion qui ont envie de s’ouvrir vers la mer et de développer la course au large à La Réunion. Il y a une belle dynamique autour du projet et c’est vraiment super.
Cet hiver sera marqué par une remise en état du bateau ; quelles modifications ou adaptations souhaites-tu apporter à ton bateau en vue du Globe40 ?
La principale modification a été la casquette pour mieux se protéger avec un siège de veille en extérieur. On est aussi en train de mettre en place un nouveau système d’énergie avec deux hydrogénéraeurs et des panneaux solaires puisqu’on souhaite mettre un système de communication performant avec la Starlink. On a aussi fait un gros chantier pour les cloisons étanches qui sont obligatoires et une vérification complète de toutes les varangues. On a eu quelques casses pendant la CIC NCR donc on a tout vérifié. La quille a été envoyé chez le soudeur. Le bateau n’a beaucoup navigué depuis la TJV 2021 et ces courses 2024 ont mis en avant tous les petits défauts du bateau. On travaille sur tous ces sujets sur ce chantier d’hiver.
En parallèle de ces travaux d’hiver, je continue de naviguer régulièrement sur un JPK 38 avec Maxime Bourcier. Je m’entraine aussi en laser pour affiner ma barre, les réglages et garder les sensations.
As-tu déjà une idée bien précise des co-skippers qui t’accompagneront sur ce tour du monde ?
On sera donc 5 à tourner sur la Globe40.
François Martin qui est un ancien capitaine de Sea Shepherd avec qui j’ai fait la CIC NCR 2024 et qui est aussi un préparateur de bateau hors pair. Il fait de la voile depuis toujours et s’est formé sur le Tour Voile pour la team réunionnaise dans les années 2000.
Victor Jost qui a fait la Route du Rhum et la TJV avec moi. C’est un super marin, bon vivant, qui partage la même vision du projet que moi. C’est la personne du team qui a le plus navigué en Class40.
Maxime boursier navigue tous les jours puisqu’il est moniteur de voile. Il a fait dernièrement la Drheam Cup et s’entraine dès qu’il peut avec Benoit Lequin lors des entrainements à Lorient.
Le dernier co-skipper sera annoncé prochainement.
Le départ de la 2ème édition du tour du monde approche à grands pas. Quel est ton programme de course pour 2025 avant le grand départ ?
C’est clair que j’ai envie de faire toutes les courses mais cela ne sera pas possible. On participera aux Sables Horta et à la CIC NCR et on suit aussi le programme d’entrainement de Benoit Lequin avec les autres projets Class40. Il faut que l’on continue à naviguer. J’ai vraiment envie de faire le retour des Sables Horta en solo puisque je n’ai pas fait beaucoup de solitaire. Toutes ces courses représentent un budget mais ma priorité est le chantier d’hiver pour être performant sur la Globe40.
Dans un an tu seras dans l’Océan Indien sur la Globe40 cap vers Sydney, quel est ton état d’esprit à l’approche de ce grand défi ?
Je ne pense pas que je serai sur cette étape ; ce sera probablement Maxime. Mais c’est vrai que j’ai eu un déclic dernièrement à l’approche de cette grande course. J’ai pris conscience des efforts qu’il faut mettre dans la préparation de cet événement.
Je m’entraine aussi via Virtual Regatta pour comprendre et étudier les schémas météo. Je suis dessus tous les jours. Je fais des pointages météo comme si j’étais en mer et j’échange avec un météorologue ensuite.
Mais c’est sûr que j’ai hâte d’être sur l’eau !