Tu étais parmi les premiers pré-inscrits de la 1ère édition en 2019, projet malheureusement stoppé par la COVID. As-tu suivi la 1ère édition, et qu’en as-tu pensé ?
Bien sûr que j’ai suivi la course et le parcours des concurrents. Au départ, les équipages n’étaient pas tous au même niveau, mais rapidement, après la deuxième étape, une certaine homogénéité s’est installée dans la flotte, rendant la course beaucoup plus intéressante. Le parcours atypique et les passages obligatoires ont créé des surprises en termes de navigation. Au final, aucun des Class40 engagés n’a rencontré de problèmes structurels majeurs liés à leur conception, ce qui prouve bien qu’un Class40 est capable de faire un tour du monde.
Peux-tu nous résumer ton parcours nautique ?
Je navigue principalement en Méditerranée, que ce soit en famille ou en course, et cela depuis toujours. En 1982, j’ai navigué sur Ondine VI un maxi américain en tant que numéro 1. À ce moment-là, j’ai choisi de continuer mes études d’architecture, malgré des sollicitations pour aller naviguer aux États-Unis. Par la suite, j’ai eu de nombreuses opportunités de participer à des courses au large, tout en continuant à naviguer en amateur.
Une expérience marquante a été de naviguer avec Lionel Péan sur son VOR70 SFS, notamment lors d’une traversée retour de l’Atlantique. Le VOR70 est un bateau très exigeant, tant sur le plan technique que physique, et cela a été une excellente expérience en équipage.
En 2018, j’ai participé à la Route du Rhum en Classe Rhum, sur un ancien IOR de 45 pieds. Ce n’était pas le bateau idéal, mais j’ai tout de même terminé 8ème.
En 2023, avec Evrika, j’ai réalisé la deuxième étape de l’OGR, pour découvrir l’océan Indien. À 63 ans, je connais parfaitement mes limites, et faire la GLOBE 40 en double me semble encore à ma portée.
Qu’as-tu retiré de ton expérience sur la Route du Rhum 2018, à la fois dans la construction du projet et dans la course elle-même : un aboutissement ou une envie de repartir ?
Le plus dur est d’arriver sur la ligne de départ : la préparation, le financement, et les étapes à Saint-Malo sont autant d’obstacles à surmonter. Une fois que tout est prêt, la course devient presque une délivrance. La préparation du bateau et celle de son mental sont essentielles dans une épreuve comme celle-là.
Cette expérience est une force pour Christophe et moi dans la préparation de la Globe40. Le temps, le budget et la cohérence du projet sont les trois éléments indispensables pour partir sereins. Chaque navigation, quelle qu’elle soit, doit rester un plaisir. Si ce n’est pas le cas, autant ne pas larguer les amarres. La Route du Rhum a été un rêve réalisé, et cela donne évidemment envie de repartir… mais peut-être pas en solitaire.
Peux-tu nous résumer le parcours nautique de ton co-skipper ?
Christophe vient d’une grande famille de marins et a bénéficié de cette expérience dès son plus jeune âge. Nous nous sommes rencontrés à Newport en 1983 : lui était sur France 3 et moi sur Ondine VI. Depuis, nous avons navigué ensemble en Australie, en Chine, à Dubaï, et bien sûr en Méditerranée.
Christophe, qui a participé à plus de 15 Sydney-Hobart, il était également présent à Saint-Malo pour mon départ de la Route du Rhum en 2018. Il a une expérience incroyable sur différents types de bateaux (ndlr : dont 2 Coupes de l’America, Mini-Transat, Tour de France à la Voile,…: 98.000 milles en course et convoyages … ) et, surtout, il a toujours cette envie intacte de naviguer.
Il y a un an, tu as participé à l’étape Cape Town – Auckland (7 500 milles) de la GOR. Comment as-tu vécu cette expérience ?
Naviguer dans l’océan Indien sur un Swan 65 est certes moins rapide qu’en Class40, mais c’est bien plus confortable. C’était une expérience unique, notamment de pouvoir surfer avec les albatros. Cette étape sera importante dans notre approche de la GLOBE 40 et dans la préparation des étapes du sud. Même si le type de navigation est différent, le terrain de jeu reste le même.
Qu’est-ce qui te pousse aujourd’hui à reconstruire un projet pour la 2ème édition ?
Il me suffit de rouvrir mes anciens dossiers d’il y a quatre ans pour que tout se remette en place. L’équipe est toujours là. Christophe est d’ailleurs un peu à l’origine de cette nouvelle aventure : il a envie, tout comme moi, de repartir, mais cette fois dans de bonnes conditions.
Nous avançons dans nos contacts pour boucler le budget, et nous avons plusieurs options pour le choix du bateau, en fonction de la structure du projet. L’avantage, aujourd’hui, est que nous savons qu’il n’est pas nécessaire de disposer d’un bateau de dernière génération pour participer à la GLOBE 40.
Nous avons aussi établi des contacts avec plusieurs marins, ce qui nous permettra de faire tourner l’équipage et d’étoffer le message que nous souhaitons transmettre. Nous commençons à écrire une nouvelle histoire…
Comment juges-tu l’évolution de l’épreuve pour la 2ème édition, et son positionnement par rapport à d’autres courses, notamment en solitaire et sur des parcours plus extrêmes ?
La deuxième édition de la GLOBE 40 propose encore des étapes magiques autour du monde. L’expérience de la première édition apporte un certain confort psychologique, ainsi que des retours techniques précieux pour la préparation des bateaux et des étapes.
Je n’ai pas assez d’expérience pour parler en détail des autres courses comme le Vendée Globe, mais il me semble que de telles courses demandent des moyens considérables pour partir dans de bonnes conditions. Je suis un peu sceptique vis-à-vis des courses qui ne s’inscrivent pas dans un cadre ou un règlement bien défini. On ne part pas pour un tour du monde comme on participe à une régate corporative du dimanche.
En conclusion ce que je ressent après toutes ces navigations, c’est le plaisir de partager le plus possible avec ceux qui n’ont pas la possibilité de vivre ce genre d’aventure. Sur l’OGR il y avait de très belles histoires, je pense qu’il y a vraiment beaucoup de choses a raconter dans ce sens. La course est un moyen, mais surement pas le seul objectif.